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Les crevettes pailletées

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Festival de Cannes 2019

Invitée pour monter les marches du Festival de Cannes, l'équipe du film "Les Crevettes Pailletées" - sorti en mai dernier - a pu pleinement savourer un succès que ni le nombre d'entrées ni les critiques dithyrambiques ne sauraient démentir ! Imaginé par les réalisateurs Maxime Govare et Cédric Le Gallo, ce long-métrage s'inspire en partie d'une histoire vécue par ce dernier... Membre de la véritable équipe de water-polo LGBT dont le titre du film a été tiré, celui-ci a décidé de plonger les spectateurs dans l'intimité de huit joueurs qui vont par obligation accepter d'être coachés par un champion de natation épinglé pour propos homophobes... Tapant sur la bien-pensance, le politiquement correct et les idées reçues, "Les Crevettes Pailletées" a eu l'intelligence et la finesse de ne pas être une œuvre manichéenne tout en rappelant que si l'on doit encore se battre aujourd'hui pour être tous égaux, on ne doit jamais oublier que notre plus grande richesse est d'être tous différents les uns des autres.

> Dès la lecture du scenario, vous aviez imaginé ce résultat ?
David Baïot : On ne sait jamais, au cinéma, ce que ça va vraiment rendre quand on tourne mais vu le scenario, on ne pouvait qu'avoir confiance...
Michaël Abiteboul : Certains passages ont même dépassé nos espérances... On a eu des intuitions à la lecture et puis, en jouant, on s'est parfois retrouvés à être bouffés par des peurs et des appéhensions. Mais, quand on a découvert le film, la sincérité, les choix, les contraintes et les petits défauts avec lesquels il a été façonné en ont fait un petit bijou.
Nicolas Gob : C'est ça qui est magnifique avec ce film... Ce n'est pas le film le mieux fait du monde avec des moyens financiers extraordinaires mais il est tellement vrai et sincère qu'il en est touchant, même dans ses petites maladresses...

> Une préparation particulière...
Michaël : Il a fallu tatonner un peu au niveau du jeu pour ne jamais être dans le trop ou le pas assez mais le plus singulier, ça a en effet été toute la préparation que nos rôles ont exigée ! On ne vivra certainement une telle expérience qu'une seule fois dans nos carrières...
David : On a eu six mois d'entraînement au water-polo avec les vraies "crevettes", on a travaillé la natation, on a dû apprendre à danser alors ça nous a sortis de notre zone de confort ! (rires) Ça nous a vraiment éclaté car on n'a pas fait que "jouer" dans le film, on l'a préparé et on s'est investi pour pouvoir entrer rapidement dans la peau de nos personnages.
Nicolas : Bien sûr la préparation physique a été essentielle mais en dehors de ça, j'avoue que je n'aime pas tellement trop intellectualiser le pourquoi du comment on donne vie à un personnage... On ne rend pas toujours hommage, on ne s'approprie pas toujours un rôle, parfois, on s'amuse à jouer, tout simplement... Il ne faut pas évincer l'instinct car il est, selon moi, essentiel dans ce métier ! Je fonctionne beaucoup comme ça, j'observe et je lâche prise...

> Des personnages qui, à travers un road trip et un but commun, évoluent...
Nicolas : Les crevettes pailletées c'est vraiment l'histoire de cheminements personnels, ils vont tous apprendre d'eux-mêmes, des autres et de cette expérience qui, à un moment donné, les fait tous aller dans le même sens... C'est un véritable parcours initiatique qui fait partir des hommes pétris de certitudes qui vont s'effondrer les unes après les autres au fur et à mesure du voyage. Ça paraît basique comme ça mais c'est bien de se rappeler de temps en temps qu'apprendre de l'autre, c'est s'endormir un peu moins con...
David : Le voyage est un catalyseur, c'est souvent quand on est un peu
"coincés" les uns avec les autres qu'on s'aperçoit des vrais traits de caractère de chacun... Tout se retrouve exacerbé dans ce contexte alors évidemment, nos personnages n'en ressortent pas
indemnes...

En salles depuis le 08 mai