Art & Culture Monaco

Yann-Antony Noghès, Rencontres à la Vigie

Le producteur et journaliste monégasque Yann-Antony Noghès enchaîne les tournages de Monaco à Paris en passant par Bruxelles. Son dernier projet en terres monégasques ? Une nouvelle émission de rencontres, tournée dans l’iconique demeure de la Vigie.

> Comment est née votre vocation ?
J’ai compris très jeune que je voulais devenir journaliste. À l’école primaire, nous avons lancé un petit journal avec des amis et à 13 ans, j’ai eu la chance de participer à la cérémonie de clôture de la 101ème session du CIO (Comité International Olympique) qui se tenait à Monaco. Avec mes camarades du Collège Charles III, nous devions présenter les villes candidates, dont Pékin et Sydney. On m’avait confié la présentation de l’événement et je me suis retrouvé le micro à la main au Stade Louis II, devant des milliers de personnalités et surtout... en mondovision. J’étais plutôt timide et cette expérience m’a obligé à dépasser mes limites. C’est à ce moment là que j’ai décidé de faire de la télévision.

> Pourriez-vous nous parler de vos études aux États-Unis ?
J’ai étudié les relations internationales à Tufts University, près de Boston. Certains de nos professeurs étaient d’anciens conseillers à la Maison Blanche et au lieu d’avoir de grands cours magistraux dans des amphis, nous travaillions en petits groupes et pouvions échanger avec eux. Mais ce qui m’a sans doute le plus marqué, c’est la vie sur le campus. Au lieu de rester avec les autres étudiants étrangers, j’avais décidé de rejoindre une fraternité, Delta Tau Delta, dans une magnifique maison en briques rouges J’étais totalement immergé dans la culture américaine. Le mot d’ordre, c’était : "Work hard, play hard". La semaine, on ne comptait pas nos heures et le week-end on lâchait la pression à fond ! Aux Etats-Unis, on vous apprend que tout est possible. Aujourd’hui, ces notions font partie de moi.

> Vous avez ensuite intégré l’IFP à Paris…
Parallèlement à l’Institut Français de Presse, j’ai effectué un stage au sein de la chaîne parlementaire dirigée par Jean-Pierre Elkabbach. Nous enregistrions une émission sur l’Europe depuis le Parlement européen à Bruxelles et Strasbourg. La Direction de l’Information du Parlement m’a repéré et proposé un job fantastique dès la fin de mes études. J’étais chargé de travailler avec les correspondants à Bruxelles des télévisions de toute l’Europe.

> En tant que journaliste, quelle est votre ambition ?
J’ai longtemps travaillé pour BFM Radio, BFM TV et La Tribune. Au début, je ne vous cache pas que je cherchais surtout à obtenir des informations avant les autres. Je pensais que c’était comme cela que l’on faisait avancer le débat. J’ai ensuite compris que j’étais embarqué dans une course à l’échalotte entre journalistes et que l’important, pour les téléspectateurs, c’était plutôt d’arriver à bien expliquer l’actualité et les grands enjeux du moment, en racontant des histoires, comme savent le faire les anglo-saxons.

> Pourriez-vous nous parler de votre métier de producteur ?
Aujourd’hui, je présente quatre émissions hebdomadaires produites par notre société Check Productions : "La Faute à l’Europe?" sur France Info TV et LCP, "Coûte que coûte", qui est le Capital belge sur RTL TVI, "Zéro émission" sur France Info TV et Monaco Info, et puis le magazine d’entretiens "La Vigie" sur Monaco Info. L’Europe, l’économie, le climat, les portraits en profondeur... Notre marque de fabrique, c’est de nous intéresser à des thématiques importantes que les autres évitent parce qu’elles sont compliquées. Et puis nous réalisons des documentaires, comme "Grand Prix de Monaco, la légende" (TF1) avec le Prince comme narrateur.

> Quels sont vos projets ?
En ce moment, on tourne une série documentaire sur les coulisses du pouvoir européen. On suit le président des sommets européens, Charles Michel. Nous avons pu filmer de l’intérieur la négociation des Vingt-Sept en décembre sur la neutralité climatique d’ici à 2050. Cet accord va révolutionner nos économies. Nous avons aussi suivi la réaction européenne face à la crise sanitaire et notre caméra est en ce moment même au coeur des négociations entre les pays du Nord dits "frugaux" et les pays du Sud autour du plan de relance européen de 750 milliards d’euros. C’est un moment historique car, peu de gens s’en rendent compte à ce stade, cet endettement commun massif des Européens et ces transferts d’argent constituent rien de moins qu’un "moment hamiltonien", un saut fédéraliste. Parmi nos autres projets, nous démarrons l’écriture d’un documentaire historique sur Albert Ier. Je me suis plongé dans la vie de ce grand homme et c’est passionnant.

> Comment est née l’émission de la Vigie ?
Pendant le confinement, j’ai prêté main-forte à Geneviève Berti et nous avons, pendant 47 jours d’affilée, proposé un rendez-vous spécial d’information sur Monaco Info. Ce fut une belle expérience avec une équipe formidable, couronnée par une forte augmentation de l’audience de la chaîne. Mes activités ne me permettaient pas de poursuivre cette aventure quotidienne mais Geneviève m’a demandé de proposer un grand entretien chaque dimanche soir à 19 heures avec des personnalités de Monaco ou de passage en Principauté. A une époque où tout va vite et où les formats sont de plus en plus courts, prendre le temps de découvrir un parcours inspirant et d’avoir son regard sur l’actualité, le tout dans ce lieu hors du temps de la SBM qu’est La Vigie, c’est une telle bouffée d’oxygène!