Art & Culture Monaco

Jean-Christophe Maillot, Narration contemporaine

Chorégraphe Directeur des Ballets de Monte-Carlo, Jean-Christophe Maillot nous parle de son quotidien, ses inspirations et bien évidemment sa dernière création, le ballet Coppél-i.A, à découvrir du 27 décembre au 7 janvier 2020, au Grimaldi Forum.

> Quel est le thème de votre dernière création Coppél-i.A. ?
Comme son nom l’indique, Coppél-i.A. est un ballet qui parle de l’intelligence artificielle. À ce jour, la danse n’est pas encore concernée par ce type d’avancée scientifique mais quelques exemples du répertoire nous montrent qu’elle s’est déjà intéressée à la question de la vie transmise à un être mécanique : Petrouchka, Casse-noisette et bien sûr… Coppélia qui est le personnage que j’ai souhaité revisiter dans ce nouveau ballet.
 
> Où avez-vous puisé l’inspiration de ce nouveau ballet ? 
Coppélia est un ballet de l’époque romantique dont l’argument m’a toujours interpelé. D’autres ballets tels que le Lac des Cygnes ou La Sylphide font appel au fantastique et aux créatures mythologiques mais Coppélia me semble davantage connectée à notre époque et aux questions que nous nous posons. L’obsession de Coppélius à vouloir animer un automate est au fond très proche de notre désir de créer et donner la vie en nous affranchissant des difficultés imposées par la nature.

> Quels sont les danseurs qui interpréteront les personnages de Frantz et Swanilda ? 
Comme toujours, ceux qui répondront le mieux à l’idée que je me fais de mes personnages… mais rien n’est jamais gravé dans le marbre. Je me donne toujours le droit d’effectuer des changements jusqu’à un stade avancé de la création. C’est tout l’intérêt d’avoir un réservoir de talents aussi important que celui des Ballets de Monte-Carlo. Je ne peux encore donc rien dire sur le choix définitif des danseurs. En revanche je peux apporter une précision au sujet des personnages. Mon ballet ne tourne pas exclusivement autour du duo Frantz - Swanilda. Coppélius et Coppél-I.A. jouent également un rôle central.

> En tant que chorégraphe, comment définiriez-vous votre style (votre touche personnelle) ?
Je suis un chorégraphe de formation académique, qui aime le vocabulaire classique et veut le faire évoluer pour le mettre en adéquation avec une narration contemporaine. J’essaie ainsi de rendre compatible ce que l’on a toujours eu l’habitude d’opposer. On demande souvent à un chorégraphe s’il est classique ou contemporain. Je revendique à travers mon travail d’être "et" l’un "et" l’autre.

> Vous êtes à la direction des Ballets de Monte-Carlo depuis 1993, quel regard portez-vous sur ces années écoulées ?
Un regard étonné car en toute honnêteté je n’ai pas vu le temps passer. Je pense que c’est là, la conséquence de la liberté que m’a offerte la Princesse Caroline lorsqu’elle m’a nommé Chorégraphe-Directeur de la compagnie. Le luxe à Monaco n’est pas toujours où l’on croit. Certes l’argent est nécessaire pour créer des spectacles mais c’est surtout le temps et la confiance accordées aux créateurs qui caractérisent cette manière particulière de faire de l’art à Monaco.

> Si vous deviez retenir un ou plusieurs temps forts / souvenir marquants le(s)quel(s) choisiriez-vous ?
C’est difficile de répondre à cette question. J’ai l’impression qu’il y a un eu un enchaînement continu et que tous les événements sont liés entre eux… La Célébration du Centenaire des Ballets Russes en 2009 a probablement marqué un tournant. Elle a permis la réunion au sein d’une même institution de la Compagnie des Ballets de Monte-Carlo, du Monaco Dance Forum et de l’Académie Princesses Grace.

> A quoi ressemble votre quotidien de directeur et chorégraphe des Ballets de Monte-Carlo ? Avez-vous une routine / journée type ? 
Je ne sais pas ce qu’est une journée type ou la routine. Comme vous l’avez dit je ne suis pas seulement chorégraphe, je suis aussi directeur des Ballets de Monte-Carlo. Je gère l’aspect artistique de la structure mais aussi son volet administratif. Si une partie de mon travail consiste à créer, l’autre consiste à construire l’outil qui va avec. C’est un travail titanesque qui englobe de nombreux aspects : la technique, la communication, la gestion financière, les ressources humaines, la logistique et la juridiction des théâtres étrangers…

> Quel est votre moteur au quotidien ? 
C’est celui que je viens d’évoquer… Les Ballets de Monte-Carlo, à travers lesquels je me réalise artistiquement et humainement. Ce sont aussi et surtout les danseurs. C’est grâce à leur énergie et à leur générosité et que j’ai envie d’être en studio chaque matin.