Art & Culture Alpes Maritimes

"Une heure de tranquillité"

>Du théâtre coûte que coûte !
En effet, il semble être le propre de l’Homme que de s’adapter en permanence à ce à quoi il se retrouve confronté, alors face à l’interdiction (en France) non pas de jouer mais de le faire en présence d’un public, le théâtre s’est tourné vers un allié de taille : la télévision ! Évidemment, ce n’est pas nouveau, Au théâtre ce soir ayant contribué à quelques belles audiences pendant 20 ans – entre 1966 et 1986 sur l’ORTF et TF1 – mais à l’époque, il s’agissait d’un choix, d’une volonté de populariser le théâtre que beaucoup s’imaginent encore à tort aujourd’hui ne pas être fait pour eux. Désormais, bien que voir des spectacles en fin d’année soit monnaie courante sur France Télévisions, l’exercice ressemble beaucoup plus à celui de la dernière chance ou tout au moins de l’ultime et unique possibilité pour continuer à savourer des pièces de théâtre ! Pour les comédiens, l’exercice doit être des plus ardus et des plus frustrants… Sorte d’immense répétition filmée et figée alors qu’ils ne peuvent pas ressentir la présence, la chaleur et l’engouement du public essentiels au véritable jeu d’acteur, cette représentation – qui se doit d’être la meilleure possible – n’est en effet destinée qu’à être vue par un public contraint de rester dans son canapé… D’aucuns diront que c’est mieux que rien et ce n’est certainement pas faux mais d’autres voient peut-être le danger guetter un milieu artistique déjà bien malmené…

> Du "virtue" à consommer avec parcimonie
En effet, il suffit de voir la recrudescence des one-man-shows (que l’on peut malgré tout adorer) et le peu de tournées de pièces à multiples personnages pour réaliser que si le genre du seul en scène plaît au public, il permet également d’entrevoir, pour une production, un moindre risque financier. L’une des uniques pièces à succès que l’on a pu voir ces derniers temps parcourir les routes malgré la présence de plus d’une dizaine de comédiens a été la moliérisée Edmond ! De plus en plus, le théâtre propose des intrigues à seulement 2, 3 voire 4 protagonistes tant les coûts de la logistique sont compliqués à équilibrer alors, nous interdire d’aller en salles et nous habituer à "consommer" le spectacle sur écran pourrait commencer à représenter un danger pour la survie de cet art VIVANT si nous y prenions trop goût ! Certes, il y a ces quelques rendez-vous télévisés comme Une heure de tranquillité avec Isabelle Gélinas et François Berléand diffusé sur France 2 le 29 décembre 2020 à 21h05 qui ne font que perpétuer une certaine tradition annuelle mais il y a ceux, peut-être plus inquiétants, de ces spectacles interactifs et / ou visibles à la carte sur le web à prix "cassé". Évidemment, l’envie et le besoin d’un artiste de ne pas s’arrêter de jouer et d’être créatif ou encore celui de rester en lien avec son public sont totalement compréhensibles mais il faut faire preuve de prudence en faisant en sorte que la situation ne s’éternise pas. Sensibiliser et inciter le public à réserver sa soirée pour aller voir un spectacle dans une salle demande déjà à tous les maillons de la chaîne de déployer une énergie et une volonté de fer alors il est à craindre qu’à l’aire du tout numérique et des ventes privées, lui proposer de voir ce qu’il veut quand il veut et ce moins cher qu’en salle, finisse, petit à petit, par l’en détourner définitivement…

> L’Histoire de la pièce
Michel – incarné par François Berléand -, un dentiste passionné de jazz, vient de dénicher dans une brocante un album rare – "Me, myself and I", le premier album de Neil Youart – qu’il projette d’écouter tranquillement dans son salon. Alors qu’il ne souhaite que l’écouter tranquillement pendant une heure, le monde entier semble s’acharner sur lui ! Sa femme – sous les traits d’Isabelle Gélinas – voudrait lui parler, son fils débarque à l’improviste, son voisin – joué par Nicolas Vaude – frappe à la porte. Même sa maîtresse – campée par Christelle Reboul – voudrait faire le point avec lui. Michel est prêt à tout pour avoir la paix. Mais il lui faudra beaucoup d’énergie pour que cette douce matinée ne se transforme pas en cauchemar…

Par Morgane Las Dit Peisson


Sur france.tv avec Isabelle Gélinas et François Berléand