Art & Culture Alpes Maritimes

Pierre de Maere "Les gens ont souvent l'image d'un mec un peu froid..."

Dévoilé il y a un an suite à l'engouement du public pour le morceau Un jour je marierai un ange, le tout premier album du jeune belge Pierre de Maere - Regarde-moi - a désormais pris corps sur scène. Débordant de créativité et d'inspiration au point d'avoir eu le courage de se façonner un univers, un look, des sonorités originales mais aussi d'inventer sa propre manière de chanter, l'auteur-compositeur-interprète surprend peut-être encore plus par sa personnalité. Car derrière cette iconographie léchée, le jeune homme, en proie au doute permanent, est touchant de simplicité et d'humilité ! Bavard, enjoué et passionnant, il transpire d'une générosité et surtout d'une énergie folle que son imagerie parfaite rend quasiment insoupçonnable.

- En pleine tournée avec un stop prévu à Monaco le 09 mars prochain…
Pierre de Maere : Je suis aux anges d’être sur la route et de pouvoir découvrir toutes ces régions mais je dois avouer que Monaco me fait un peu rêver ! J'ai été à la fois hyper heureux et étonné de voir cette date s’ajouter car je ne m’imaginais pas que des gens m’écoutaient de là-bas ! (rires) Et puis il y a un fantasme autour de cette principauté à la vue plongeante sur la mer… Ça me donne envie, je me réjouis d’y aller !

- Tu donnes l'impression depuis un an de continuer à t’émerveiller et te surprendre de tout ce que tu vis…
Ce serait tellement dommage et décevant d’être blasé alors que je ne fais que commencer à tout découvrir. Je plains ceux qui ne s’émerveillent plus de rien tant c’est la base même de la joie ! Et en effet, j’éprouve souvent un certain manque d’assurance… Mais j’ai l’impression que c’est plutôt "sain" parce que ça me pousse sans cesse à faire mieux et à aller plus loin. Je me sens à ma place, mais jamais vraiment "en place"…

- Quand on compose, qu’on écrit et qu’on chante, on se livre totalement…
Oui, c'est tellement intime de créer tout seul dans son coin, que se rendre compte que des gens adhèrent à notre projet est la plus belle des récompenses ! Mais ce que je préfère dans tout le processus de création, je crois que c'est le jour de la sortie... C’est tellement dur de façonner tout ça que quand ça voit le jour, même si on ne sait pas encore si ça va fonctionner, c’est jouissif ! Je ne vais pas mentir en disant que je prends énormément de plaisir à écrire un morceau… (rires) Ce qui me plaît, c'est de le terminer et de voir que tous les efforts que j’ai fournis trouvent du sens. Les chiffres c’est bien, ça rassure et ça encourage mais ce qui compte, c’est la vraie rencontre en concert. C’est ce moment magique où je peux m’arrêter de chanter un titre et que j’entends le public prendre le relai... C’est incroyable d’entendre 500, 1000 ou 3000 personnes continuer à chanter ce que tu as écrit tout seul sans être hyper sûr que c’était bon ! (rires)

- Tu as ressenti quoi la toute 1ère fois que tu as entendu une salle reprendre tes textes ?
C’était une sorte d'euphorie… Je me souviens de ma 1ère Cigale à Paris au tout début de la tournée... C'était absolument imparfait, je chantais mal à ce moment-là, tout était maladroit et en même temps, c'était génial parce que c'était absolument punk. Je découvrais tout et quand j’ai entendu la salle chanter, ça a été la 1ère claque d'amour que je me prenais ! J'étais transporté, j’ai été drôle, je me sentais hyper bien, je n’étais pas sage du tout ! (rires)

- Le live permet au public de te découvrir différemment…
C’est vrai que le concert offre une autre vision de ce que je suis. Les gens ont souvent l'image d'un mec un peu froid, voire hautain parce que j’aime la photo, la mode et le travail de l’image… Quand ils arrivent dans la salle, ils pensent que je vais chanter sur bande en restant assez calme et statique alors qu’il y a trois musiciens, que ça joue vraiment et que ça bouge. Je parle beaucoup, je me donne à fond et honnêtement, ça ne ressemble pas à ce que le visuel de l’album pourrait laisser imaginer. C’est beaucoup plus chaleureux et beaucoup plus fou que l’univers graphique que j’ai choisi.

- Il y a dans ta démarche créative et dans le clip Mercredi par exemple, une inventivité qui ne ressemble à rien d’autre…
Ça me touche parce que quand j'écoute un artiste, j'ai très envie de rêver, de m’évader, de me plonger dans un univers… J’aime par exemple les tableaux de peinture romantique au point qu’ils me donnent parfois envie de vivre dedans ! (rires) Le réalisme m'importe peu car je connais la réalité, j’y suis confronté tous les jours. Et même si la mienne est plutôt belle, j’ai besoin que l’art m’apporte autre chose. Lorsque je vais au musée, je vais regarder entre autres les tableaux d’un peintre que j'adore, Hubert Robert, qui dépeint très bien les ruines antiques léchées par un coucher de soleil… C'est tellement beau que c'en est parfois presque kitsch ! Alors quand je regarde le travail d’enchanteresses telles que Mylène Farmer ou Lady Gaga, je suis appelé à rêver et c’est en effet un peu ça que je souhaite proposer, des univers dans lesquels les gens pourraient avoir envie de rentrer...

- Dans la même idée, chaque chanson raconte sa propre histoire, un peu comme une nouvelle qui s’écoute sur fond de pop ou d’électro…
Ça me fait vraiment plaisir que ce soit perçu comme ça parce qu’en effet, j’aime même l’idée qu’on puisse juste choisir de lire les textes sans écouter ma voix ou ma musique. J’aime raconter des histoires et celle dont je suis le plus fier, en termes de propos, c'est Les oiseaux… C’est un homme au front qui s’exprime et malheureusement, elle est, même à notre époque, d’actualité…

- Il y a de la candeur, de l'audace, une fausse naïveté dans ce que tu proposes…
J'aimerais beaucoup un jour être capable de faire un disque à la Rita Mitsouko. Tu vois cette folie et cette légèreté, cette musicalité et ces paroles tellement puissantes et pleines de sens… Ce groupe est un ovni et personne d’autre que ses membres n'aurait pu créer ça. J'aime l'idée de donner vie une œuvre à laquelle personne n’aurait jamais pensé avant moi… J’ai encore du travail pour y parvenir mais c’est un bel objectif pour la suite en tout cas ! (rires)

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel


09 mars à 20h00 / Monaco - Grimaldi Forum • 28 août à 19h00 - Puget sur Argens - Le Mas d'Été • Interview intégrale sur le-mensuel.com