Art & Culture Alpes Maritimes

Francis Huster

Travaillant sur une cadence effrénée, le comédien - qui sort son 14ème ouvrage ce mois-ci est en train de mettre sur pied son propre long-métrage. Racontant des histoires dans l'espoir d'apaiser, divertir ou élever les esprits, Francis Huster a prouvé, ces cinquante dernières années, qu'il était aussi à l'aise et crédible dans du Stefan Zweig que du Francis Veber...

> Vous êtes à l'affiche de Bronx, Molière, La mort de l'aigle et Pourvu qu'il soit heureux...
Je crois que je parviens à tout mener de front grâce à l'éducation que j'ai reçue. Je suis issu d'une génération qui a été élevée dans un esprit assez militaire... Avoir fait son service, avoir connu la guerre d'Algérie et avoir été au contact de grands noms du Conservatoire que l'on vouvoyait et que l'on appelait Maîtres m'a conditionné et m'a apporté, une rigueur dans le travail.

> "Jouer de tout" ne signifie pas "tout jouer"...
En effet, je préfère refuser les rôles que je ne sens pas ou ceux qui me donnent l'impression de pouvoir être incarnés par quelqu'un d'autre que moi. C'est pour cette raison que depuis dix ans je n'ai rien accepté au cinéma et que j'ai décidé de me lancer dans l'écriture de mon propre long-métrage. Le plus difficile, pour un comédien, c'est de refuser un projet non pas par manque d'envie mais pour le bien de celui-ci...

> Différents registres et différents types de rôles...
C'est primordial de ne pas s'enfermer dans un seul et unique type de personnage car si l'on n'y prend pas garde, on finit par s'imiter soi-même. Jean Gabin, quand il s'est aperçu que le public venait le voir au théâtre non pas pour la pièce mais pour y voir du Gabin, a marqué une pause théâtrale pour se réinventer au cinéma...

> Pourvu qu'il soit heureux, la dernière pièce de Laurent Ruquier...
À mes yeux, jouer du Laurent Ruquier c'est comme jouer du Michel Audiard ! C'est un véritable dialoguiste, on s'aperçoit d'ailleurs dans toutes les émissions qu'il présente qu'il a perpétuellement le "bon" mot et c'est ça qui rend vraiment vivante une pièce.

> Une pièce sur l'acceptation et la tolérance plus que sur l'homosexualité...
Exactement ! Il ne faut pas s'imaginer que c'est un pladoyer pour l'homosexualité, c'est juste une pièce qui traite des rapports qu'entretiennent des parents avec des enfants qui ne sont autres, au début de leur existence, qu'un prolongement de leurs géniteurs. Au fur et à mesure où ils se construisent, les parents doivent apprendre à les aimer et à les accepter tels qu'ils sont en train de devenir et non pas tels qu'ils les rêvaient. Vous mettez le doigt sur le véritable intérêt de cette pièce car elle n'est pas faite pour apporter des réponses mais pour amener à se poser des questions et à en débattre...

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson
Francis Huster dans Pourvu qu'il soit heureux - Le Cannet / 16 octobre - Contes / 17 octobre dans La mort de l'aigle, Napoléon de la gloire à l'exil // Draguignan / 02 décembre dans MOLIèRE - LA CIOTAT / 13 janvier - Livre Molière mon Dieu, Plaidoyer pour