Art & Culture Alpes Maritimes

Éric Serra compositeur de la B.O. du Grand Bleu

Si la beauté des bandes originales de Nikita, Atlantis et Léon a valu au compositeur plusieurs prix, c'est indéniablement sa création musicale illustrant Le Grand Bleu qui restera dans toutes les mémoires...

> Vous êtes en tournée avec "Le Grand Bleu"...
C'est un ciné-concert pendant lequel est projeté le film qui a été auparavant dépouillé de sa musique ! Pendant toute la projection, je la rejoue au pied de l'écran avec un groupe de musiciens pour accompagner les images, les dialogues et les bruitages qui eux, sont restés intacts.

> Une synchronisation parfaite...
Pour arriver à ce niveau d'exactitude, je ne vous cache pas que ça a été très compliqué car en effet, contrairement à un concert "normal" avec des humains qui peuvent s'adapter les uns aux autres, le film, lui, ne pourra ni ralentir ni accélérer sa course... Se caler à la seconde près nous a demandé plusieurs mois de préparation.

> Vous êtes pourtant habitué à l'improvisation...
C'est vrai qu'avec mon groupe, on a tendance à se laisser, sur scène, pas mal de plages de liberté alors que ce projet autour du "Grand Bleu" est l'extrême inverse ! (rires) On doit jouer strictement ce qui est écrit sur la partition et, pour être parfaitement synchrone à l'image, on a tous une oreillette avec un "clic" qui nous guide tout au long de la projection...

> C'est s'obliger à aller à l'encontre même du live ?
Exactement et c'est ce défi que j'ai trouvé passionnant ! Le live est imprévisible et surprenant trandis que le film, lui, peu importe nos erreurs, ne s'arrêtera pas une fraction de seconde pour s'adapter à nous. Il n'y a aucun répit donc c'est très intense et très stressant ! (rires) Je me souviens, pendant la première représentation, m'être dit tout en jouant qu'il était hors de question que je le fasse une seconde fois tellement c'était difficile ! (rires)

> Pourquoi cette tournée finalement ?
J'ai souffert pendant les deux heures de concert mais une fois arrivé au bout, j'ai pris conscience de l'effet presque magique que ça avait eu sur le public et surtout, je me suis senti rassuré que tout se soit déroulé sans accroc car au-delà de la question du rythme à respecter, j'avais en tête toutes les installations techniques... Derrière les écrans, c'est la NASA ! (rires) Alors on n'est jamais à l'abri d'une panne quelconque... En fait, j'étais beaucoup trop stressé pour apprécier à sa juste valeur cette première fois...

> Luc Besson et vous aviez conscience, en 1988, que "Le Grand Bleu" pouvait connaître un tel destin ?
En le faisant, franchement non et même quand on l'a vécu, on n'arrivait pas à se l'expliquer... Un succès pareil c'est aussi rare qu'étrange et ça dépasse toujours ceux qui en sont à l'origine mais je pense que c'est sain et rassurant. Si on connaissait la recette du succès, plus rien n'aurait de saveur, il n'y aurait plus d'enjeu...

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Bay Star Café de St Laurent du Var

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