Art & Culture Alpes Maritimes

Astrid Veillon

Passionnée autant par les histoires que par les rôles qu’elle façonne, Astrid Veillon - le rôle phare de la série Tandem également auteure de romans et de pièces de théâtre - n’a pas pu résister au désir de reprendre la plume pour coucher sur le papier des envies d’amour et d’espoir. Un nouvel ouvrage - Pourquoi nous ? - qui incite à vivre un peu plus pleinement nos vies et ce, quoi qu’il advienne…

- Vous êtes garante de Léa, de sa façon de s’exprimer et d’agir…
Avant chaque saison, les rôles récurrents font des lectures avec le directeur de collection dans ce sens. C’est un moment essentiel qui nous permet de dire ce qui ne nous convainc pas, ce qu’on aimerait creuser, ce qu’on pense devoir retoucher pour que nos personnages restent dans une évolution "logique" qui correspond au tempérament qu’on leur a façonné. Les auteurs sont excellents mais ce ne sont pas toujours les mêmes donc c’est normal que, bien s’ils se soient imprégnés de la série, quelques infimes détails de vocabulaire ou d’intonation puissent leur échapper. Pour nous, comédiens, c’est plus facile de s’en rendre compte parce qu’on a Paul et Léa en bouche et dans notre corps depuis longtemps ! (rires)
C’est un travail de précision qui me plait énormément ! D’ailleurs, je reçois en général les scénarios en amont pour pouvoir les étudier et faire des retours aux auteurs sur les intrigues développées. Je ne sais pas si c’est un "don" mais j’arrive rapidement à détecter, en lisant un texte, ce qui marche et ce qui ne marchera pas et surtout, contrairement à ceux qui ont trop la tête dedans, j’arrive avec un regard "neuf", c’est plus facile… Tandem, c’est vraiment un travail d’équipe !

- Un rôle intéressant et équilibré d’une femme de pouvoir qui n’en abuse pas. Entre volonté,
faiblesses et remises en question, c’est une femme très actuelle…
C’est exactement ce vers quoi je voulais aller ! Au début, elle était très froide, très sèche avec son ex-mari qui lui, était constamment dans la légèreté et j’avais peur que, sur le long terme, ça ne fonctionne pas parce que ce n’est pas représentatif de la réalité. On est tous plein de forces et de faiblesses et c’est pour ça qu’on ne peut pas s’identifier à un personnage trop manichéen. J’avais envie de montrer les failles de Léa… Dans cette saison 5 par exemple, elle a peur de vieillir, elle ne sait jamais trop comment se positionner face à ses enfants et on sent bien qu’elle ne veut pas s’avouer que voir Paul avec quelqu’un d’autre la touche… J’en ai fait une anti-héroïne et c’est ça qui me plaît ! C’est ce qui la rend si attachante… Le héros est un demi-dieu inatteignable, on peut l’envier, il peut nous faire rêver mais on ne pourra jamais se reconnaître en lui et ça, ça ne m’intéresse pas. D’ailleurs, les auteurs ont souvent tendance, de par son grade de Commandant, à confier à Léa les résolutions d’affaires ou les éclairs de génie ! Mais selon l’épisode, si c’est au détriment de la logique, je préfère laisser ça au partenaire qui me semble plus légitime. Je n’ai pas voulu en faire une guerrière féministe qui se gargarise de ses pouvoirs ! (rires)

- Il y a le jeu mais aussi l’écriture, votre nouveau roman Pourquoi nous ?…
J’avais envie de parler d’amour au sens large parce qu’une vie sans amour ne mérite pas d’être vécue… Et pourtant, j’ai la sensation que le mot "amour" - comme le mot "gentil" d’ailleurs - est presque devenu péjoratif aujourd’hui… On s’éloigne de l’humain en permanence et je suis convaincue que l’on va tout droit à notre perte si on ne prend pas conscience de ça !

J’ai créé des personnages : Charly, un navigateur et Lucy, une comédienne au talent ravageur. Deux personnalités fortes et très différentes à qui j’ai choisi des prénoms riches de sens à mes yeux. Charly en hommage à Charlie Hebdo, Lucy comme la première femme de l’humanité ou encore Léo - leur fils - pour Léo Ferré…

- Un livre écrit en solitaire…
Pourquoi nous ? est un peu différent de mes deux précédents ouvrages car c’est le tout premier roman que j’écris complètement seule. Pour Pourras-tu me pardonner ? et Neuf mois dans la vie d’une femme, mes éditeurs m’ont énormément aidée et appris mais, d’une certaine manière, j’étais moins "libre". Par manque d’expérience, je ne suis pas allée au bout de mes idées et de mes envies parce que j’étais trop "dépendante" des conseils que je recevais, des conseils, de surcroît, d’une sensibilité masculine.

Pour celui-ci, je me suis lancée comme une grande et j’y ai mis tout ce que je désirais. Il y a l’amour entre un homme et une femme, l’amour filial, l’amour familial, l’amour amical… Tous ces sentiments qui sont tellement forts qu’ils font nos joies et nos tristesses. On va suivre Lucy et Charly de leur coup de foudre à la fin de leur histoire… Une fin tragique mais pleine d’optimisme et de résilience car je ne voulais pas d’un livre triste et sans espoir.

- L'écriture exige de prendre son temps…
Quand on n’a pas de date butoir on a tendance à prendre son temps alors j’ai mis deux ans à l’écrire, à le relire, à le corriger et puis… J’ai bloqué ! (rires) J’ai eu peur de l’envoyer à des éditeurs ! (rires) Je l’ai mis de côté et j’ai attendu… Un jour, j’ai reçu un mail charmant d’un monsieur qui travaille chez Plon et qui, avec sa femme, venait de découvrir Tandem… Il adorait ! J’ai pris ça pour un signe du destin et lui ai parlé de mon 3ème roman ! Je lui ai envoyé et un mois plus tard, il m’a rappelée pour me dire qu’il avait ri, qu’il avait pleuré, qu’il était persuadé que ce livre devait exister et qu’il serait ravi de m’accompagner dans cette aventure…

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos par Fabien Malot Starface


Roman "Pourquoi nous ?" - Paru le 03.06.21 chez Plon • Présente au Festival du Livre de Nice du 17 au 19.09.21