Art & Culture Monaco

Urs Pilz : « Le cirque devient un spectacle total »

Président de la Fédération Mondiale du Cirque et de l’European Circus Association, le Suisse Urs Pilz est le directeur du Festival International du Cirque de Monte-Carlo. Il se confie à Télé Monaco Magazine à la veille de la 43e édition.

Urs Pilz, comment vous est venue cette passion pour le cirque ?
C’est d’abord une tradition de famille. La mienne, en Suisse, était liée à plusieurs cirques comme Knie en Suisse et Krone en Allemagne. Mes parents étaient amis avec ces familles. Donc je baignais dans cette atmosphère.

Et votre arrivée à Monaco ?
En 1980, les propriétaires du cirque Krone (le plus grand cirque d’Europe) avaient été contactés pour être membres du jury du festival de Monaco à l’invitation du prince Rainier. Mais comme ils ne parlaient pas français, ils n’avaient accepté que si je les accompagnais. En fait, mon rôle fut davantage celui d’un coordinateur du jury plutôt que de traducteur, ce que le prince avait remarqué. Il m’a demandé de revenir pour tenir ce rôle les années suivantes et c’est ainsi qu’il m’a proposé la responsabilité artistique de la programmation en 2001 jusqu’à prendre la présidence du Festival quelques années plus tard. Je collabore désormais en toute harmonie avec la Princesse Stéphanie qui est « l’âme » de ce festival.

Votre vie professionnelle était-elle rattachée au milieu du cirque ?
Non, mais j’étais directeur commercial d’une société de mode et de sport et aussi de production de films de sport. J’ai donc vite côtoyé le show-business et mes voyages professionnels m’ont alors aussi plongé dans le monde du cirque.

Comment se porte le Festival de Monaco ?
Il se porte très bien avec davantage de spectateurs d’années en années, des spectateurs qui viennent de toute la région. Le Festival dure maintenant 10 jours avec davantage de spectacles, notamment le dimanche.

Difficile d’établir la programmation ?
On essaie toujours d’avoir toujours les meilleurs numéros du moment. Ce n’est pas toujours évident, alors nous planifions parfois sur deux ou trois ans ! On voyage beaucoup dans le monde pour voir les artistes. Et lorsqu’une première sélection est faite, on la présente à la princesse et nous décidons ensemble de la sélection finale. On essaie toujours de respecter les souhaits du prince Rainier qui disait que l’acrobatie, la comédie et les animaux étaient les trois piliers du cirque traditionnel.

Le cirque est-il en train d’évoluer ?
Oui il y a une très grande évolution. Il y a deux sortes de formation : dans les écoles de cirque ou dans les familles. A l’est ou en Chine, ce sont les écoles, en Europe du sud, ce sont plutôt les familles du cirque. L’évolution la plus marquante est celle de la mise en scène : chorégraphie, lumières, musique, tout rentre en jeu désormais et le spectacle est total.

Les temps forts de la 43e édition?
Nous avons cette année un groupe russe de 70 personnes, le Royal Circus de Russie dirigé par Gia Eradze. Ils créent une très belle atmosphère autour de leurs numéros où le folklore est très présent. La Chine aussi avec le pole chinois et leurs acrobates dans tous les sens. Sans parler des animaux avec Mark Kremer et ses bisons !

Justement, la présence des animaux dans les cirques est très contestée...
Certains activistes affirment que les animaux de cirque souffrent. Nous disons que ceci est complètement faux. Comme dans chaque profession, il y a des gens (la majorité) qui fait bien son travail et d’autres non. Cela ne veut pas dire qu’on interdit leur métier. Nous discutons avec les autorités européennes pour trouver une solution qui permettrait de faire le tri et donner la possibilité à ceux qui s’occupent bien de leurs animaux de pouvoir continuer leur chemin. Je sais que les tendances contraires sont assez fortes, mais il faut savoir que ces animaux vivent en parfaite connivence avec leurs maîtres, comme ces quatre éléphants que nous présenterons cette année. C’est pour ça qu’avec la princesse nous nous battons pour que les animaux gardent leur place sur la piste. D’autant que les choses changent et que les animaux ne sont plus ridiculisés avec des vêtements comme ils l’étaient autrefois.



Les temps forts

Cette année, plus de 150 artistes, originaires de 15 pays, se produiront sur la célèbre piste du chapiteau de Fontvieille pour gagner les récompenses suprêmes, les clowns d’or, d’argent et de bronze qui consacreront leurs carrières.
Parmi les artistes présentés, on notera :
- Le Royal Circus de Russie, un subtil mélange de luxe et de modernité, et les costumes que porteront les artistes, véritables modèles de haute couture, seront incontestablement un des points forts de cette édition 2019.
- Le numéro de triple mât présenté par la troupe acrobatique nationale de Chine. Cette prestigieuse troupe a su donner une nouvelle dimension à cette discipline, en utilisant plusieurs mâts oscillants sur lesquels les artistes réalisent un récital acrobatique de toute beauté.
- Marcel Kremer, l’un des rares à présenter des bisons américains. Les cinq mastodontes de plus de 800 kilos chacun travaillent en liberté sur la piste aux côtés d’un superbe cheval mustang.
- Les Without Socks, trio clownesque de Russie, qui reprennent une tradition quelque peu oubliée, celle de l’entrée clownesque.
- Martin Lacey, présentera un groupe de 26 fauves, jamais encore réunis dans une cage. Est-il besoin de préciser que Martin Lacey a nourri tous ces fauves, lui-même, au biberon ?