Art & Culture Monaco

Smadar Eisenberg, Mélomane engagée

Présidente fondatrice de l’Association des Amis de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (AOPMC), depuis 21 ans, Smadar Eisenberg ne cesse de fédérer les mélomanes monégasques et internationaux afin de soutenir l’orchestre de la Principauté et participer au rayonnement culturel du pays. 

- Comment est née l’Association des Amis de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo ?
Très jeunes, mes enfants ont pratiqué la musique. A seulement 3 ans, mon fils Edmond jouait du piano et son professeur a rapidement souhaité l’inscrire à des compétitions. Il a ainsi participé à un concours international de jeunes talents, organisé par le grand Pascal Amoyel. C’est à cette occasion que j’ai décidé d’organiser un concours similaire à Monaco. Baptisée "Le festival des enfants", cette manifestation mettait en avant de jeunes instrumentistes mais également des danseurs, des peintres… Des enfants très doués, originaires du monde entier dont certains ont réalisé de grandes carrières, à l’image des pianistes Lionel Bringuier et David Kadouch. La première édition était parrainée par David Lefèvre, supersoliste de l’OPMC. C’est ainsi que j’ai été en contact avec l’orchestre, notamment à travers son administrateur de l’époque, Monsieur Croesi. Il m’a alors fait part de leurs besoins. Et c’est ainsi qu’est née l’idée d’une association de soutien à l’OPMC. 

- Cet engagement vous a de suite semblé évident… 
Oui, du point de vue personnel, je souhaitais faire quelque chose pour le pays qui m’a adopté et où nous avons la chance de vivre dans une sécurité absolue, des conditions hors pair. Je suis née en Roumanie, un pays communiste où le droit à la parole était exclu, puis j’ai vécu en Israël, un état où la démocratie est très importante mais la sécurité vulnérable. Arrivée en Principauté, j’ai eu la chance de retrouver tout ce qui m’avait toujours manqué. Mon engagement auprès de l’orchestre est une manière de rendre la pareille à Monaco.

- Quelles sont les différentes missions de l’AOPMC ? 
Dès le départ, le but principal était de soutenir l’orchestre et ses musiciens. De les accompagner à travers différents projets. Tout d’abord avec de petits budgets puis lorsque nous avons fait nos preuves, avec des initiatives d’envergure comme l’organisation de tournées à l’international. Nous avons notamment organisé un déplacement au Vatican, afin de participer à un merveilleux festival de musique sacrée. Mais également en Russie, en Pologne, à Venise, Florence, Budapest… En parallèle à l’organisation de concerts spécifiques et de ces tournées, nous finançons également la venue de solistes et de chefs exceptionnels en Principauté. Enfin, nous organisons des voyages culturels pour nos membres. L’idée est de leur permettre de vivre des expériences musicales inédites et de participer à des voyages spécialement imaginés pour eux, le tout en contrepartie de leur contribution. 

- Pourriez-vous nous parler du programme éducatif mené par l’association ? 
Au fil du temps, nous avons ajouté cette vocation. Les jeunes générations baignent dans les nouvelles technologies et parfois au détriment de la culture musicale. Ils perdent cette sensibilité, cette richesse offerte par la musique classique. Nous avons donc imaginé des programmes musicaux dédiés au jeune public. L’idée n’est pas uniquement de susciter des vocations afin de voir perdurer l’existence de l’orchestre mais bien de leur permettre d’apprécier au quotidien les bienfaits de cet art vivant. On dit bien que la musique adoucit les mœurs… Certains vont adhérer, d’autres non. Nous concentrons nos efforts sur les jeunes enfants car malheureusement les adolescents sont peu réceptifs. 

- Vous apportez également votre soutien aux jeunes musiciens… 
Oui, nous souhaitons permettre aux jeunes instrumentistes de continuer leurs études musicales, quels que soient leurs moyens financiers. C’est ainsi que nous avons permis à une jeune violoniste de poursuivre sa formation. Elle n’avait pas la possibilité d’acheter son instrument et malgré sa passion dévorante, elle s’apprêtait à tout arrêter. Nous avons donc acheté un violon que nous lui avons prêté jusqu’à la fin de son cursus. Dans un tout autre cadre, nous avons également acheté un piano de concert pour l’orchestre. Au cas par cas, nous trouverons toujours le moyen de soutenir les jeunes musiciens.

- Pourriez-vous nous parler de vos membres ?
Depuis nos débuts, on retrouve des membres historiques qui ont été rejoints au fil des années par de nouveaux mélomanes. Certains ont quitté l’association, après avoir déménagé, et de nouveaux membres nous rejoignent régulièrement. Si la plupart sont de Monaco, la renommée de l’orchestre dépassant les frontières de la Principauté, nous avons également des adhérents originaires de France et de l’étranger. En contrepartie de leur soutien, ils ont accès à un large programme d’activités et notamment de conférences mensuelles, sur différentes thématiques liées à la musique ou encore des concerts privés fascinants et des cocktails, en présence de musiciens invités et de solistes renommés.

- A vos yeux, quels sont les temps forts de la programmation à venir ? 
Nous sommes très sceptiques concernant les déplacements à l’étranger pour l’année 2022. Si nous avons déjà bloqué des dates à l’international pour 2023, avant ça, rien n’est encore certain. Par contre, l’ensemble de la programmation à Monaco est déjà annoncée et ponctuée de dates fortes. A titre personnel, un concert a une résonance particulière. C’est la présentation de la symphonie composée par l’un de nos membres, David Randall. Pour son 70ème anniversaire, il ne s’est pas offert une voiture ou un bateau mais une symphonie… C’était son rêve et il l’a réalisé. S’il est un grand mélomane, il ne sait pas écrire la musique. Il s’est donc entouré de professionnels qui ont réussi à retranscrire toutes les émotions qu’il souhaitait partager afin qu’elles puissent être interprétées par un orchestre. Il l’a déjà présenté, il y a deux ans, en présence de S.A.S. Le Prince Albert II, mais dans un cadre privé. Aujourd’hui, nous avons décidé qu’elle devait être partagée avec le public. Une symphonie que l’on pourra découvrir en septembre prochain.