Art & Culture Monaco

Sasa Obradovic, Construire un projet

Ancien joueur international, champion du monde en tant que joueur sous le maillot de la Yougoslavie, élu coach de l’année 2018 en EuroCup, Sasa Obradovic est un technicien de haut niveau et une grande figure du basket qui a récemment pris les commandes de la Roca Team.

> Vous êtes le seul coach à avoir battu une équipe NBA (Alba Berlin face aux San Antonio Spurs en 2014), en 2016 vous avez été élu sur le podium des entraîneurs d’Euroligue par vos pairs. Quel est votre secret ?
Il n’y a pas de formule magique pour le succès, c’est juste que vous méritez quelque chose en travaillant très dur. Le fait d’avoir joué auprès des plus grands joueurs sous les ordres des meilleurs coachs vous donne également une sorte de confiance pour essayer de faire des choses fantastiques. Personnellement, je suis très professionnel, investi dans le travail. Battre une équipe NBA, l’occasion ne se présente pas souvent. Qui sait si cela pourra se reproduire ? Mais cette fois-ci, c’était si beau et inoubliable ! A propos de l’EuroCup et du niveau Euroligue, il faut chaque jour se donner les moyens de réussir. En 2018, nous n’avons pas gagné la finale de l’EuroCup (avec Krasnodar), mais l’énergie déployée par les joueurs pour suivre les consignes était l’un des secrets de notre parcours (20 matchs d’affilée sans défaite). Je traite tous mes joueurs de la même façon, il n’y a pas de stars dans mon groupe, c’est nécessaire pour que le système fonctionne. J’attends aussi de mon équipe qu’elle soit très disciplinée et très professionnelle. De nos jours, les gens le sont de moins en moins, et c’est comme cela que les blessures arrivent, tout comme les résultats irréguliers.

> En tant que joueur et entraîneur, vous avez un impressionnant palmarès. Si vous deviez retenir un titre, lequel choisiriez-vous ?
En ce qui concerne l’équipe nationale, j’ai du mal à choisir, mais les plus remarquables : en 1995 lorsque nous remportons le titre de champion d’Europe à Athènes (avec la Yougoslavie) et en 1998 le titre de champion du monde, toujours à Athènes. En club, je pense au titre avec l’Etoile Rouge de Belgrade (93), c’était le premier depuis 25 ans, un moment très spécial partagé avec les fans. Au niveau du coaching, le titre de champion en Allemagne à Cologne (en 2006) est inoubliable, c’était le premier du club.

> Quelles sont vos ambitions pour la saison à venir et avez-vous pris vos marques à l’ASM ?
En premier lieu, pour atteindre de gros objectifs, il faut viser de gros objectifs ! C’est pourquoi nous visons toujours haut, même si nous préférons ne pas trop en parler. Notre but est de gagner tous les titres, cela dépend de beaucoup de facteurs. A chaque jour suffit sa peine, mon objectif est de réussir le meilleur entraînement possible pour le jour suivant, et ainsi de suite. Je me sens très bien à Monaco, quand vous êtes aussi bien accueilli, vous vous sentez rapidement "comme à la maison". Il n’y a probablement pas de meilleur endroit que la Principauté pour vivre et travailler mais d’un autre côté, cela vous demande de donner le maximum. Vous ne voulez pas quitter de telles conditions, vous devez tout le temps être le meilleur ! Sur le terrain, nous avons une nouvelle équipe, elle doit acquérir la confiance, les joueurs apprennent à se connaître et il faut trouver la meilleure façon de jouer en fonction de nos profils, pour nous retrouver dans notre zone de confort.

> Que pensez-vous du recrutement de la Roca Team ?
Tous les joueurs recrutés ont une belle personnalité. En dehors de l’aspect basket, ce sont des personnes fortes. C’est une équipe nouvelle - ils doivent s’adapter à certaines règles, donner une certaine contribution et jouer en équipe et non de manière individuelle. Nous voulons que tout le monde se sente investi et important. Chacun doit jouer pour l’autre, c’est la règle principale. Les statistiques individuelles ne donnent pas de ticket pour la victoire, le plus important est d’avoir une bonne défense. Nous avons des combo guards, qui peuvent occuper les deux positions : meneur et 2e arrière. Au niveau des intérieurs, nous avons aussi de la polyvalence, JJ O’Brien peut jouer position 3 ou 4, nos pivots peuvent jouer 4 ou 5. Il nous reste un poste à pourvoir au niveau des étrangers, nous devons y penser mais nous sommes déjà bien pourvus. Nous verrons pour la suite.

> Pourquoi avoir accepté de poursuivre le challenge de la Roca Team, en dépit des propositions que vous pouvez recevoir ?
Je vois le programme, des gens ambitieux, et c’est ce qui motive tout le monde. Je ne veux pas paraître arrogant mais je pense être un coach d’Euroligue, cependant je suis très satisfait de la situation à Monaco. Construire un projet est également ce qui m’attire. Avec le temps, la Roca Team aspire à jouer l’Euroligue, c’est un souhait très important, qui sait si nous pourrons l’accomplir mais nous y pensons et cela permet d’avancer avec force. Nous voulons nous positionner pour le titre de champion, nous étions très proches cette année, nous allons de nouveau tenter notre chance cette saison. Pour nous, ce sera plus difficile car nous devons confirmer, l’ASVEL devra aussi confirmer, ils ont un gros roster aussi bâti pour l’Euroligue. Toutes les équipes du championnat devront être prises au sérieux. Il y aura de nombreux prétendants pour aller décrocher le titre et la bataille s’annonce intense. L’ASVEL sera le principal favori, et nous verrons comment nous serons capables d’évoluer à un haut niveau - tant en EuroCup qu’en championnat et en Coupe de France.