Art & Culture Monaco

L’atome, un outil pour l’environnement

Les laboratoires de l’environnement de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) consacrés aux océans et au milieu marin, célèbrent leur soixantième anniversaire à Monaco.

Comme son mandat "L’atome pour la paix et le développement" l’indique, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), aide les pays dans leurs efforts visant à atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) définis dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU. En effet, de nombreux pays ont recours à la science et à la technologie nucléaire afin de contribuer à la réalisation de leurs objectifs de développement dans des domaines comme l’énergie, la santé humaine, la production alimentaire, la gestion de l’eau et la protection de l’environnement. C’est la Division des laboratoires de l’environnement de l’AIEA, consacrée au milieu marin, qui s’est installée voici 60 ans à Monaco et ces dernières 25 années sur le Quai Antoine 1er.

"Nos laboratoires ont acquis une expertise en développant des techniques nucléaires et isotopiques, dans le but d’améliorer la connaissance scientifique, proposer des stratégies et des outils d’atténuation des impacts des activités humaines sur l’environnement marin et former les scientifiques des pays à l’usage de ces méthodes" précise la Monégasque Florence Descroix-Commanducci, directrice des laboratoires. "Avec des techniques ultra pointues, nous arrivons à comprendre l’impact de toute sorte de contamination sur l’environnement, les animaux, la chaîne alimentaire, et l’acidification des océans, et donc sur le réchauffement climatique".

> Un financement international

"Nos financements sont de deux types : les contributions annuelles des États membres qui constituent le budget régulier de l’AIEA mais également les contributions volontaires de ces mêmes Etat membres" poursuit Mme Descroix-Commanducci. "Ainsi les Etats-Unis viennent de financer, à hauteur d’un million d’euros et pour une durée de trois années, nos travaux sur l’acidification des océans et la dégradation des écosystèmes marins, en lien avec les questions et les changements climatiques. Je saisis cette opportunité pour rendre un hommage tout particulier au Gouvernement Princier et le remercier de l’extrême générosité dont il fait preuve à notre égard depuis 60 ans, en mettant entre autre à notre disposition des locaux de 3000 m2 dont il assure le fonctionnement".

> Tous les écosystèmes en laboratoire

"Dans nos laboratoires à Monaco, nous sommes capables de recréer tous types d’écosystèmes, qu’ils soient tropicaux, arctiques, etc... Nous travaillons du phytoplancton aux requins en passant par les poissons ou les céphalopodes pour simuler l’incorporation des métaux, des pesticides, des hydrocarbures, des plastiques ou des algues toxiques dans la chaîne alimentaire grâce aux radiotraceurs" assure Mme Descroix-Commanducci. "Nous pouvons également reconstituer une digestion humaine in-vitro pour montrer les conséquences de l’absorption de produits marins pollués. Cette recherche appliquée est liée aux préoccupations des Etats qui répond aux demandes de leur population".

> L’impact des changements climatiques

"Nous faisons de la recherche sur les changements climatiques ou environnementaux qui ont un impact sur l’océan et sa biodiversité (acidification des océans, élévation de la température et diminution de l’oxygène dissous dans l’eau de mer, carbone bleu, cycle du carbone)" explique de son côté le chercheur belge Marc Metian, qui précise que "pour l’acidification des océans, outre la recherche sur les effets, les Laboratoires de l’environnement de l’AIEA hébergent une plateforme internationale qui sert d’interface pour partager les connaissances scientifiques, et mettre à disposition des formations à travers le monde".

> L’étude du "carbone bleu"

"Notre recherche scientifique allie des approches de terrain et de laboratoire" poursuit pour sa part le chercheur suisse Beat Gasser. "Nous disposons d’un laboratoire expérimental pour évaluer les impacts des changements climatiques ou environnementaux sur les milieux et les organismes aquatiques.
Ainsi nous travaillons sur le carbone bleu : nous fournissons des outils pour quantifier le stockage du carbone par les plantes marines (mangroves, herbiers), ce qui peut aider les pays à calculer leur budget carbone et à atténuer, dans le futur, les effets des émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère".

> Préserver la sécurité alimentaire

"La recherche sur les thèmes de la pollution et la sécurité alimentaire ou la perte de biodiversité est aussi basée sur les besoins des Etats membres" précise quant à lui le français Francois Oberhaensli. "A nouveau, notre recherche scientifique regroupe des approches de terrain et de laboratoire, même si l’expérimentation est clef sur ces thèmes. Ce thème englobe de nombreux contaminants qui pourraient impacter l’environnement marin, notamment les métaux comme le mercure, mais aussi les hydrocarbures, les pesticides ou les microplastiques. Tous ces polluants peuvent mener à une perte de la biodiversité ou à des risques sanitaires ou alimentaires.

Nous utilisons les traceurs radios isotopiques pour comprendre les processus ou mesurer l’impact et évaluer le risque tout en développant des méthodes pour détecter plus facilement une pollution ou un risque et de manière plus précise.

Mme Descroix-Comanducci conclut que tout ceci a pour but de "faire avancer les connaissances scientifiques, de permettre aux Etats membres de prendre des décisions en matière de surveillance des risques et de transférer ces connaissances par le biais de formations à Monaco ou dans les laboratoires des Etats membres afin qu’ils puissent bénéficier des technologies développées au sein des Laboratoires de l’environnement de l’AIEA de Monaco".


www.iaea.org/fr/laiea/division-des-laboratoires-de-lenvironnement-de-laiea