Art & Culture Monaco

Jean-Christophe Maillot, La danse toujours présente en Principauté

Malgré l’épidémie qui bouleverse le fonctionnement des institutions culturelles, le directeur et cho-régraphe des Ballets de Monte-Carlo Jean-Christophe Maillot ne renonce pas à sa programmation. En interview exclusive il se confie pour Télé Monaco sur le programme des mois à venir.

- Pourriez-vous nous dire de quelle manière vous et votre compagnie vivez cette deuxième vague de l’épidémie et les mesures sanitaires qui l’accompagnent ? 
La situation est très frustrante. Nous avions réussi à retrouver un semblant de normalité en reprenant le chemin du studio. Nous nous sommes produits à Monaco en octobre et nous avons pu faire quelques tournées en France et en Allemagne. Malheureusement, aujourd’hui c’est le retour à la case départ ou presque. Notre travail est bridé par ce virus et les mesures sanitaires qui l’entourent. Mais nous ne baissons pas les bras… Nous faisons tout pour maintenir nos spectacles en décembre même si cela se fera suivant des modalités sanitaires contraignantes. Pour ce qui est des tournées en revanche, nous n’avons aucune visibilité. C’est évidemment très impactant pour nous car notre com-pagnie a toujours été un ambassadeur culturel majeur de Monaco grâce à son rythme soutenu de tournées à l’étranger.

- Comment décririez-vous la saison à venir ?
Ça n’a jamais été dans ma nature de conceptualiser une saison entière. En tant que Directeur artistique, je me suis toujours laissé l’opportunité de pouvoir modifier une saison en cours. Contrairement à des théâtres qui annoncent leurs programmations à l’année, je préfère annoncer nos spectacles par trimestre. Boucler une saison trois ans à l’avance m’ennuie. J’ai toujours aimé garder une place pour l’imprévu, un coup de cœur, un spectacle qu’on n’attend pas et qu’on ajoute tardivement. Cette année avec ce virus qui nous oblige à rectifier le tir en permanence, on peut dire que je suis dans mon élément. La saison à venir sera donc faite d’imprévus.

- Y a -t-il quelques temps forts que l’on peut d’ors et déjà évoquer ?
Nos tournées à l’étranger étant remises en question, nous allons intensifier nos spectacles à Monaco. Pour les fêtes de fin d’année, nous serons au Grimaldi Forum pour présenter plusieurs de mes pièces : Dov’è la luna, Core Meu et trois grands ballets narratifs Cendrillon, Roméo et Juliette et LAC. Nous serons accompagnés pour l’occasion par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dirigés par Igor Dronov et Kazuki Yamada.

- Y-a-t-il des changements au sein de la compagnie ?
Il y a assez peu de changement cette année en raison de l’épidémie. De manière globale, les danseurs ont peu de visibilité sur leur avenir et s’ils ont la chance d’avoir une place dans une compagnie, je pense qu’ils vont s’efforcer de la conserver. Ceux qui partent le font plutôt dans le cadre d’une reconversion professionnelle. Nous accueillons deux nouvelles danseuses cette année : Juliette Klein qui vient de finir ses études à l’Académie Princesse Grace, et Katryn McDonald qui vient du Houston Ballet.

- Quels sont les critères indispensables pour faire partie des Ballets de Monte-Carlo ?
C’est une question difficile car il n’y a pas vraiment de règles. Tous les danseurs qui auditionnent aux Ballets de Monte-Carlo possèdent les qualités requises pour intégrer une compagnie de ballets comme la nôtre. Mon choix est le plus souvent circonstanciel. Certains vont correspondre à une idée que je me fais d’un rôle ou seront en phase avec l’évolution actuelle du répertoire… c’est très fortuit. C’est pour cela que je dis toujours à un danseur que si je ne l’embauche pas, ce n’est pas lui le problème, c’est juste que je n’arrive pas à le visualiser dans la compagnie au moment où je le rencontre. Certains danseurs des Ballets de Monte-carlo, et pas des moins talentueux, ont par exemple audi-tionné plusieurs fois avant d’intégrer la compagnie. Étrangement, je ne me souviens d’aucune de leurs tentatives infructueuses. Il y a quand même une constante chez les artistes avec qui j’aime travailler. Ce sont généralement des personnes humbles, généreuses et qui humainement vous donne envie d’être leur ami.