Art & Culture Monaco

Hassan de Monaco, L’art de la scène

Véritable ambassadeur de la Principauté, l’humoriste Hassan de Monaco partage son histoire, ses anecdotes d’infirmier anesthésiste et son humour bienveillant sur les planches depuis 2014. Rencontre avec un homme au grand cœur et à la répartie désopilante.

- Comment est née votre vocation d’artiste ?
La scène m’a toujours attirée, mais cela me semblait utopique. Quelque chose d’inconcevable, réservé à une élite. J’ai la chance d’avoir un père qui voulait que ses enfants fassent - avant tout - des études. J’ai donc suivi une formation d’infirmier anesthésiste, et c’est une fois diplômé - avec l’aval de mon père - que j’ai décidé de prendre des cours de théâtre à Monaco. J’y ai rencontré beaucoup de monde et surtout une grande dame Peggy Semeria. Elle tient une place très particulière dans ma carrière.

- Quelles ont été les étapes suivantes ?
J’ai commencé le théâtre en 2009 et j’ai écrit mon tout premier spectacle en 2014. Je l’ai joué au Théâtre des Variétés à Monaco face à une salle comble. On s’attendait à accueillir une soixantaine de personnes, mais on a affiché complet ! Il y avait une vraie demande. La même année, j’ai remporté un prix au Festival niçois "Les Fourres de Rire", avant de figurer parmi les 12 finalistes des "Best de l'Humour". On s’est retrouvés à Paris pour partager la scène de l'Alhambra face à 800 spectateurs et un jury de professionnels, dont les directeurs de France Télévision, Rires et chansons, Canal Plus et différents théâtres. J’ai été l’un des six gagnants.

- De belles consécrations…
Exactement. Le directeur de Rires et Chansons m’a d’ailleurs repéré à cette occasion et il m’a proposé de faire un Open du rire sur sa radio le mois suivant. J’ai ensuite enchaîné des tournées à travers différents festivals comme Dinard ou Avignon où j’étais le "petit nouveau" parmi un très large choix de spectacles par jour. Mes représentations étaient complètes chaque soir… C’est une super expérience. Au départ, on se sent illégitime puis ces petites consécrations nous prouvent que nous sommes à notre place. Je me remets beaucoup en question. Il m’a fallu un certain nombre de victoires pour m’adapter et progresser.

- De quelle manière conciliez-vous votre métier et votre passion ?
Depuis mes débuts sur scène, j’ai continué à travailler en parallèle à l’hôpital. Je comptais sur les week-ends et mes congés mais j’ai rapidement été débordé. Je suis donc passé à mi-temps pour pouvoir faire plus de spectacles. J’ai eu la chance d’être soutenu dès mes débuts par le CHPG et le Gouvernement Princier.

- Comment caractérisez-vous votre humour ?
Dans mes spectacles je me présente, je raconte mon histoire, mes origines marocaines et ma vie à Monaco, loin des clichés et du côté bling-bling que l’on associe très souvent à la Principauté. On me demande parfois si j’ai été victime de racisme en grandissant. Je réponds que 130 nationalités qui cohabitent sur 2 km2, c’est une merveilleuse formation antiraciste (rires). J’ai une chance incroyable de vivre ici, et j’en suis conscient. C’est ce qui explique mon envie de transmettre une image positive et réelle de Monaco. Mes sketchs reflètent les valeurs que mes parents m’ont inculquées. C’est un humour bienveillant qui rassemble et sans vulgarité. J’aime et je préfère rire avec les gens plutôt que me moquer d’eux. Le plus souvent mes textes sont axés sur l’autodérision.

- Votre métier d’infirmier anesthésiste est l’une de vos sources d’inspiration…
Oui, même si c’est délicat de parler du domaine médical car cela rappelle aux gens des souvenirs qui ne sont pas forcément agréables. Alors j’apporte mon regard parfois décalé et plein d’humour à certaines situations. Une phrase de ma metteuse en scène, Peggy Semeria illustre bien les choses, elle répète que "je choisis toujours de mettre en avant le positif au lieu du négatif". C’est un choix assumé de mettre en lumière ce qui nous rassemble, ce qui est beau. J’ai une formation de soignant, être humaniste fait partie de moi.

- Quels sont vos futurs projets ?
De nombreux festivals ont été reportés en raison de la crise sanitaire mais j’ai déjà validé plusieurs dates dont Montreux en 2021 et pourquoi pas le Marrakech du rire ? (rires) C’est la coupe du monde de l’humour ! Je travaille également sur un projet de Comedy Club à Monaco, un lieu pour présenter de jeunes noms, la nouvelle génération d’artistes. Et l’on est en train de valider des passages sur Paris à partir de janvier et je l’espère ensuite à l’étranger.

- Peut-on dire quelques mots sur votre nouveau spectacle ?
Oui, il sera présenté en 2022 et j’y donne mon regard sur l’univers hospitalier, les relations hommes/femmes ou encore la plongée sous-marine ! Une discipline que j’ai récemment découverte en passant un nouveau niveau de plongeur. Je reste sur les sujets qui me tiennent à cœur, avec le même humour décalé et bienveillant.