Art & Culture Monaco

Franck Baille (HVMC) découvreur du carnet de Van Gogh

La publication l’autre semaine aux Éditions du Seuil d’un carnet de 65 dessins attribués à Vincent Van Gogh a fait l’effet d’une bombe. A l’origine, on trouve l’expert en art Franck Baille, président de l’Hôtel des Ventes de Monaco, contacté par « une femme modeste habitant dans le sud de la France » pour avoir son avis sur ce carnet. Il a aussitôt contacté la Canadienne Bogomila Welsh-Ovcharov, une des commissaires de l’exposition "Van Gogh à Paris" en 1988 au Musée d’Orsay et grande spécialiste du peintre. "Instinctivement, j'ai d'abord refusé de croire à ce que j'avais sous les yeux. Mais, petit à petit, à mesure que je l'examinais de plus près, je fus subjuguée par une émotion inconnue en prenant conscience que ce que je tenais entre les mains était sans aucun doute possible une œuvre de l'un des plus grands artistes modernes", a raconté Mme Welsh-Ovcharov lors d'une conférence de presse. Les expertises (des encres et du papier notamment) ont duré trois ans, a-t-elle dit. Un autre expert, le Britannique Ronald Pickvance, grand spécialiste de la période provençale de l'artiste, a également authentifié le carnet. Ce n’est pas l’avis du Musée d’Amsterdam : "Non, ces dessins ne sont pas de la main du maître", soutien l’institution hollandaise qui pointe notamment du doigt la qualité de l'encre utilisée, le style des dessins et des erreurs topographiques.

Ce livre présente 65 dessins à l'encre. Ces dessins, non signés, ont été réalisés non sur un carnet à dessin mais sur un livre de comptes, ce qu'on appelait un "brouillard", du Café de la Gare, un établissement où Van Gogh séjourna au crépuscule de sa vie. Le livre qui reproduit le carnet et ses dessins grandeur nature contient un dessin par page, tous à l’encre, parfois rehaussés d’un léger voile rougeâtre.
La plupart d’entre eux représentent des paysages de la région d’Arles. On trouve également des portraits (dont un du frère ennemi Gauguin), des fleurs (iris, arum), des arbres (cyprès). Le dernier dessin, sans doute le plus émouvant, représente deux personnages au premier plan et, au second plan, un peintre qui ressemble à Van Gogh. Certains dessins semblent être des esquisses de chefs-d’œuvre du peintre maudit comme "Branches d'amandiers en fleurs".

"Il y a un temple, il y a donc des gardiens du temple, c'est inévitable", a réagi l'éditeur de l'ouvrage, Bernard Comment. "Ce n'est pas la première fois que le musée Van Gogh se trompe", dit-il, mettant en avant la qualité des "sommités" mandatés par Le Seuil pour expertiser les dessins. "Il faudrait un peu plus de modestie, un peu plus de respect et autre chose qu'une foire d'empoigne qui ne sert à rien", a-t-il ajouté.
L'éditeur a mis sur le compte de "la rivalité et la jalousie" la réaction du musée d'Amsterdam.


Le livre (69 €) est paru simultanément en France (Le Seuil), aux États-Unis et au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Japon.