Art & Culture Monaco

Daniel Lozakovich, Prodige en résidence à l’OPMC

À seulement 21 ans, le violoniste Daniel Lozakovich est considéré par les plus grands maestros comme un véritable surdoué de la musique. En résidence à l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (OPMC) pour la saison 2022-2023, le jeune Suédois s’est confié sur sa passion et ses projets.

- Comment est née votre vocation ?
Je ne suis pas issu d’une famille de musiciens, mais lorsque j’avais 7 ans, mes parents ont souhaité que je prenne des leçons de musique. Ils pensaient que j’allais opter pour le piano, comme la plupart des enfants de mon âge. Pourtant, dès l’instant où mes yeux se sont posés sur un violon et que j’ai entendu ses premières notes, je suis littéralement tombé amoureux de cet objet. C’était presque magique. J’ai su que j’allais devenir violoniste.

- Vous souvenez-vous d’avoir été particulièrement marqué par un air de musique ?
Oui, et ce souvenir remonte au jour où j’ai écouté mes premiers airs de violon. C’était justement au sein de l’école de musique. Des professeurs présentaient chaque instrument, afin que les élèves puissent faire leur choix. Le violoniste a interprété un concerto en la mineur de Bach. Je n’oublierai jamais ce moment. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai décidé d’enregistrer ce concerto dans le cadre de mon premier album. Cette composition est très symbolique. Après, si vous me demandez d’expliquer ce que j’ai ressenti en écoutant ces notes, c’est très difficile à dire. La musique va bien au-delà des mots. C’est un peu comme si j’avais été envoûté. Je suis devenu dépendant de lui. Et plus j’en apprends sur le violon, plus cet amour grandit. C’est un objet empli de mystères, de symboles… Il existe différentes légendes autour de lui, comme celle de l’artiste Paganini, surnommé le "violoniste du diable". C’est l’instrument le plus énigmatique et le plus complet. Il permet d’interpréter n’importe quel son et une très large variation de notes. C’est incroyable.

- Vous êtes considéré comme un prodige. Selon vous, qu’est-ce qui fait la différence ?
Je ne me vois pas comme l’un des meilleurs. Un éminent professeur de violon Konstantin Stanislavski a dit : "Ne vous aimez pas à travers l’art. Aimez l’art à travers vous". C’est primordial. Je ne suis rien comparé à cette musique immortelle. Ces grandes compositions sont au-dessus de tout le monde et de toutes ces considérations. Ce qui importe, c’est d’apprendre de ces créations, d’essayer de trouver la vérité au travers de ces œuvres magistrales qui ont su traverser les siècles. Sinon, il n’y a aucun intérêt à les interpréter. Cette musique est divine. Elle est supérieure à tout le reste.

- Quels sont les artistes qui vous ont le plus inspiré ?
La liste est longue ! Je citerai bien évidemment Mozart, Rembrandt, Da Vinci ou Beethoven... Je suis également très inspiré par la littérature et de nombreuses autres formes d’art. Ce qui me touche le plus, ce sont les artistes qui ont leur propre univers, qui sont incomparables. Quand vous écoutez Mozart, vous décelez aussitôt son style, sa personnalité. Ce sont ces maîtres-là que j’aime et que j’admire le plus.

- Vous avez signé avec le célèbre label Deutsch Grammophon à seulement 15 ans, joué
sur les plus grandes scènes internationales, aux côtés d’illustres musiciens… Aujourd’hui, quels sont vos rêves ?
À mes yeux, le but n’est pas d’atteindre des objectifs. Tout dépend de la manière dont vous voyez les choses. L’important n’est pas la destination, mais plutôt le chemin à parcourir. Il est primordial d’aimer ce que l’on fait, et de cette manière on reste curieux. J’ai la chance de jouer sur un Stradivarius. Un objet exceptionnel. Il n’y a rien de comparable, et chaque jour il me livre de nouveaux secrets. Aujourd’hui, mon rêve est simplement de vivre la vie pleinement.

- Pourriez-vous nous parler de cette année de résidence à l’OPMC ?
C’est un immense honneur pour moi d’être en résidence avec cet incroyable orchestre, aux côtés de l’éminent maestro Yamada Kazuki et du talentueux délégué artistique Didier de Cottignies. Il est rare de rencontrer des musiciens qui comprennent aussi bien la musique et avec qui vous ressentez une telle alchimie. Jusqu’ici, tout est merveilleux. Je prends énormément de plaisir à jouer avec cet orchestre. Sur scène, nous vivons une véritable collaboration musicale. C’est quelque chose d’unique. Lors de chaque soirée, le bonheur est encore plus fort. Nous avons déjà réalisé le concert d’ouverture de la saison en septembre dernier, et le 5 mars j’aurai l’honneur d’interpréter Bach aux côtés du pianiste David Fray.

- Avez-vous eu le temps de découvrir Monaco ?
Mon planning est toujours très chargé autour des concerts, mais j’ai quand même pu découvrir le pays. C’est si beau et très inspirant. J’ai quelques amis qui résident à Monaco, un soir, après le récital on est allé se baigner, c’était merveilleux, l’eau était incroyable. Et le public monégasque est super. On ressent leur amour de la musique.

- Quels sont vos projets ?
Je vais bientôt sortir un nouvel album, consacré à l’un de mes violonistes préférés. Son nom est Josef Hassid. Il a connu une existence très triste. Il était schizophrène et il est décédé à 26 ans. Il a enregistré un unique album, de seulement 25 minutes, mais cet enregistrement permet de voir qu’il était bien au-dessus des autres interprètes. Un jour, Fritz Kreisler - véritable parrain du violon - a comparé Josef Hassid à Jascha Heifetz, le plus grand violoniste de tous les temps. Fritz Kreisler a dit de lui : "Un Heifetz naît tous les 100 ans, un Hassid, tous les 200 ans". Son œuvre m’a beaucoup inspiré. Je suis très heureux de pouvoir lui rendre hommage.

> Les prochaines dates de Daniel Lozakovich à Monaco : 
- Dimanche 05 mars 2023 à 18h à l’Auditorium Rainier III : Récital Bach avec David Fray
- Juillet-août 2023 : Concert au Palais princier de Monaco (date à définir)


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