Art & Culture Alpes Maritimes

Sophie Fontanel, Amoureuse des mots

Femme pétillante, le regard tourné vers le monde qui l’entoure, Sophie Fontanel retranscrit dans ses différents ouvrages, avec style, humour et sincérité, son histoire et sa vision de la société. Du poste de grand reporter pour le magazine ELLE, à celui d’animatrice sur Canal+ ou chroniqueuse à l’Obs, cette littéraire amoureuse de la mode a su marquer les esprits. De passage à Monaco pour les rencontres culturelles de l’Hôtel Metropole, elle s’est confiée sur sa vie et ses passions.

- De quelle manière aimez-vous que l’on vous présente ?
C’est une très bonne question, parce que tout ce que je crée est très inédit. Souvent, on me présente comme : journaliste et écrivaine. Mais dès le départ, il y a quelque chose qui ne va pas. Je suis journaliste, c’est vrai, mais dans un genre qui ne fait pas d’enquête. Je suis écrivaine, mais mon style est singulier. Il y a quelques années, je me suis décrite sur ma page Instagram comme une "Ecrivaste". C’est une manière de dire que j’écris sur un "vaste domaine". Je suis quelqu’un qui aime écrire, et cette occupation m’a poussée à regarder ce qui m’entoure. C’est la raison pour laquelle j’aime travailler pour le Nouvel Observateur. Ma chronique s’appelle "L’Observatrice". Quand je suis entrée à l’Obs, ils m’ont demandé ce qui m’avait attirée chez eux, et j’ai expliqué que je les avais choisis parce que leur nom correspond parfaitement à ce que je fais : j’observe et je raconte. Il est difficile de me décrire car j’appartiens à plusieurs univers, celui de la mode et de la littérature mais tout en étant éloignée des stéréotypes du genre. Je suis réellement d’un autre monde. (rires)

- Quel est votre regard sur l’Influence ?
Je suis devenue influenceuse à l’âge où les femmes perdent généralement de leur importance et de leur pouvoir. Enfin, je dirai plutôt "influente" qu’influenceuse, parce que je ne fais pas payer mes posts. Si j’ai ouvert des blogs, et plus tard mon compte Instagram, c’est pour me mettre en relation avec les autres. C’est primordial. Quand je suis arrivée chez ELLE, on a arrêté la page "courrier des lecteurs", et en créant mon blog, j’ai compris que les gens avaient besoin de communiquer avec la rédaction. Ils avaient envie de créer un lien avec nous, d’échanger sur un look, de discuter de ce qui avait été publié dans le journal… Et si on fait les choses avec tendresse, ils ne seront pas critiques. Bien au contraire, ils seront très bienveillants. La communauté qui me suivait à l’époque sur mon site se faisait appeler "la horde". Ils attendaient de voir comment j’allais réagir à un défilé, à une actualité…

- Quel a été le point de départ de votre page Instagram ?
Comme je ne voyais pas de femmes de mon âge dans les magazines, je me suis dit que j’allais montrer comment on peut s’habiller quand on a passé 40 ans. Aujourd’hui, je le fais moins, ce n’est plus la majorité de mes posts. J’ai plus de 350 000 abonnés qui aiment voir mon quotidien, connaître mes idées sur les nouvelles collections et les tendances. Depuis le départ, mes publications ont également l’ambition de changer la vision que l’on peut avoir d’une journaliste de mode, d’une femme qui vieillit, d’un écrivain ou encore de quelqu’un de connu.

- Pourriez-vous nous parler du sujet de la vieillesse que vous abordez régulièrement ?
Je n’ai pas pu faire autrement que de m’y intéresser. On vieillit, mais pour nous cela ne compte pas, on garde le même corps… Et puis le jour où j’ai quitté ELLE, j’avais 53 ans, et j’ai entendu quelques histoires liées à mon âge et la volonté de rajeunir le journal. A l’époque, Vincent Cassel qui est de ma génération entamait une nouvelle histoire d’amour, et cela ne faisait pas réagir de la même manière. Cela ne m’a pas choquée, mais je dois dire que j’ai trouvé ça bête. Il y a quelques années, ELLE s’ouvrait à la diversité sur la question du poids, mais pas sur l’âge ou les couleurs de peau. Aujourd’hui, c’est très différent. Véronique Philipponnat qui dirige désormais le magazine, m’a dit que cela marchait très bien quand ils mettaient des femmes de plus de 50 ans en couverture. C’est très positif, et la preuve que les choses évoluent.

- Y a-t-il un fil conducteur dans vos ouvrages ?
Oui, l’idée que l’on est plus libre que l’on ne le pense. Et que les hommes et les femmes sont à libérer. Et si l’on se penche sur les sujets que j’aborde, je dirai que je retiens un thème lorsque je considère qu’il n’est pas suffisamment traité. C’était le cas de la sexualité dont je parle dans l’Envie, mon plus gros succès éditorial. Et au moment de l’écriture, cela ne m’a pas semblé être une prise de risque. J’ai toujours eu une incroyable insouciance. Je me suis simplement dit que je devais écrire là-dessus. Résultat, c’est un best-seller international, et notamment aux Etats-Unis où il a été classé par le New York Times parmi les livres les plus importants de l’année, au moment de sa publication. Dans Grandir, je parle du fait d’être confronté au vieillissement de ses parents, dans Admirable, j’aborde le thème des rides et des cheveux blancs… Des sujets qui ne sont pas abordés et qui parlent pourtant à beaucoup de gens.

- Quelle est votre vision des rencontres comme les Rendez-vous culturels du Métropole ?
J’adore ça ! Je suis sur Instagram et j’échange souvent avec mes abonnés, mais et rien ne vaut de les rencontrer en vrai. Lors de ces rendez-vous, on réalise qu’il y a des auteurs qui sont des êtres plutôt mystérieux, d’autres qui se révèlent être des personnes plus galvanisantes, ces rencontres sont toujours particulières. J’aime beaucoup ces moments d’échanges. Ce sont des instants parfois bouleversants où les gens se confient. J’y rencontre une majorité de femmes, ce sont elles qui lisent principalement mes livres. Mais ce n’est pas grave car ce sont les femmes qui changent le monde.

- Connaissiez-vous Monaco ?
Mon premier lien avec Monaco s’est fait à travers le commandant Cousteau qui était un ami de ma famille. Il parlait beaucoup de Monte-Carlo, et il nous racontait des choses très intimes sur la famille princière qu’il côtoyait. J’entendais - en quelque sorte - parler des coulisses de la Principauté. Ma première vision du pays était une sorte de conte de fées. J’y ai été enfant, et j’y suis retournée en tant que journaliste pour couvrir différents événements. Je trouve le front de mer fantastique, c’est tellement lumineux, et j’adore les immeubles anciens. C’est vraiment ce que je préfère, le vieux Monaco.