Art & Culture Alpes Maritimes

Bun Hay Mean Je ne m’interdis rien...

Français d’origine cambodgienne et chinoise, Bun Hay Mean ; après s’être “présenté” au public dans un 1er one-man dont le titre avait été pensé pour lui servir de surnom - Chinois marrant - ; poursuit son étude socio-culturo-humoristique à travers un second volet : Le monde appartient à ceux qui le fabriquent.

- Quand la vie est "normale", ton rythme est intense…
Hors crise, j’ai la chance que tout fonctionne bien ! C’est un métier passion qui me donne le privilège de faire partie des gens qui se lèvent le matin pour faire ce qu’ils aiment donc je suis dans le 1% des gens les plus heureux ! (rires)

- La voie de l’humour...
C’est peut-être un peu plus fort chez moi que chez mes congénères (rires) mais c’est un besoin naturel chez tout humain. Ça permet de prendre du recul et d’accepter tout ce à quoi on est confronté tout au long de notre vie. Le monde est tellement incompréhensible que si tu ne le vois constamment qu’au 1er degré, tu ne peux pas y survivre...

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos droits réservés

- D’où l’hyper présence des humoristes dans les médias ?
Là, je pense surtout que c’est parce qu’on est les mecs les moins chers du marché ! (rires) Après, ça reste intéressant d’avoir des interventions d’humoristes mais je crois qu’on a poussé le truc un peu trop loin depuis quelques années... Et puis, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, ça ne pousse pas tellement plus les gens à venir dans les salles car ils ont déjà accès gratuitement et "sans rendez-vous" à notre univers. Je suis un peu vieux jeu sur ça mais j’aime l’idée d’avoir un vrai "date" avec le public dans une salle plutôt que d’être dans un genre "d’ubérisation" de la vanne !

- On ne va pas "voir" un spectacle, on va le "vivre"...
C’est exactement ça ! Je fais de l’art vivant pour ressentir, échanger et vibrer avec les gens ! Il ne faut pas oublier que dans la salle, ils font 50% du taf ! (rires) Quand on va seul sur scène, il y a bien sûr un peu d’égocentrisme mais surtout un gros besoin assumé de "l’autre" car si le public nous regardait simplement comme il le fait devant un écran, aucune magie ne pourrait se produire...

- Le monde appartient à ceux qui le fabriquent...
J’ai voulu choisir un titre qui offrait plein de lectures différentes. Il y a la référence au dicton, aux chinois dont on dit qu’ils travaillent tout le temps, à la valeur du travail, au fait que rien ne soit irréalisable si on s’en donne les moyens mais surtout à l’idée que l’on doive apprendre à se façonner soi-même sans se laisser influencer par tout ce qui nous entoure et encore moins se laisser dicter notre conduite... D’où l’hommage à Mao sur l’affiche...

- Pas de tabou...
J’essaye de mettre un peu de poésie dans ce qui est trash et un peu de trash dans ce qui est poétique. Le spectre est large et c’est vrai que je ne m’interdis rien... Je me sens libre de dire ce que je veux et en réalité, je le suis ! Dans notre pays, quand on dit qu’on ne l’est pas, c’est juste qu’on s’autocensure par peur des conséquences. On a le privilège d’être sur un coin de la planète où on a encore le choix donc il faut en abuser ! (rires)


Bun Hay Mean dans "Le monde appartient à ceux qui le fabriquent" • Au festival performance d’acteur pour "Un été à Cannes" le 17.08 2021 et au Théâtre de Grasse le 21.09 2021 • interview sur le-mensuel.com